Un peu de nostalgie. Dès 1865, la Haute-Loire manifeste sa volonté de relier Le Puy à la ligne de Paris à Nîmes, via Clermont-Ferrand, afin de rallier le Languedoc et de desservir le sud du département. Déclarée d’utilité publique dans le cadre d’un itinéraire « de Mende au Puy » par une loi le 24 mars 1879. Elle est concédée à titre définitif à la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM) par une loi le 2 août 1886. Cependant les travaux n’ont commencé que 11 ans plus tard. Le 1er juillet 1912, soit 22 ans après les premiers coups de pioches, la ligne est mise en service.
Prolongement logique de la ligne de Saint-Germain des Fossés à Darsac
Le tronçon est stratégique. Il interconnecte plusieurs axes : depuis Paris l’ensemble desservait Vichy Pont-de-Dore Ambert La Chaise-Dieu Allègre Darsac le-Puy Solignac-sur-Loire Costaros Landos Pradelles et Langogne vers la Méditerranée et Nîmes. Mais aussi vers Mende et Béziers, vers Mende Rodez et Toulouse.
On pourra reconsulter notre « état des lieux » de la ligne Darsac – Pont de Dore ici :
https://usagers-transports.haut-allier.eu/?ligne-du-livradois-forez-les,1091
Sur l’ancienne carte scolaire Vidal – Lablache de 1940 – la « France Chemins de fer et trains » on remarque l’importance du tronçon entre Lyon et Nîmes par Le Puy d’une part, entre Lyon et Toulouse par Mende et entre Saint-Germain-des-Fossés / Vichy vers Nîmes par Ambert. C’était vraiment le chaînon manquant :
Le tracé de la ligne plus précis :
La construction est périlleuse
Bien que inscrite dans une géographie assez accueillante on pourra dénombrer quelques morts durant la construction des longs tunnels notamment, et beaucoup de retards dus à une géologie capricieuse avec de nombreuses zones argileuses.
Ici la construction du viaduc de l’Arquejols près de Pradelles :
Ici un engin de chantier près du tunnel de Malpas
Le profil altimétrique du Puy à Langogne :
L’Etat central responsable très tôt de l’isolement ferroviaire du Velay
Dès 1917 la compagnie PLM se trouvait sous la pression de l’autorité militaire qui lui imposait un programme de dépose d’une voie sur deux sur certaines lignes à double sens de circulation. Si la dépose de la voie a été entamée, l’armistice du 11 novembre freinera la manœuvre.
33 petites années d’ouverture aux voyageurs
Sans doute une histoire un peu plus longue avec les marchandises. Le service voyageur est interrompu une première fois le 18 avril 1939, puis reprend provisoirement de 1944 à 1950 par l’ajout d’une voiture de voyageurs aux trains de marchandises. Elle est fermée définitivement à cette dernière date. Le projet d’ouvrir cette ligne à l’autorail saisonnier Toulouse – Lyon et retour, un moment envisagé, ne verra jamais le jour pour des raisons financières, malgré une diminution de 73 kilomètres de ce parcours et l’intérêt des habitants bien disposés à utiliser la ligne. On comprend mieux la résignation actuelle de ceux qui sont restés vivre dans ce pays.
Peu après la sortie du tunnel du Riou entre Le Puy et Solignac :
Une lente progression vers la fermeture totale
En 1981, le tronçon Langogne – Landos est neutralisé. Seul reste, jusqu’en 1988, un maigre trafic marchandise entre Landos et Le Puy-en-Velay. Le 18 septembre 1992, la ligne est déclassée de Brives-Charensac à Langogne et le 23 octobre 2008, le tronçon du point kilométrique 1,464 à Brives-Charensac est déclassé à son tour. En 1996, la section entre Landos et Brives-Charensac est déferrée. Un temps, la gare de Brives-Charensac sert encore pour les marchandises, jusqu’à l’arrêt définitif des circulations et pose d’un heurtoir à la sortie de la gare du Puy. La section comprise entre Landos et Langogne devient un itinéraire de vélo-rail. Une voie verte est aménagée de Brives-Charensac à Costaros.
Un autorail exceptionnel le 4 octobre 1986 au niveau de Fourches peu avant Landos en venant de Costaros sur le plateau du Devès. En effet sous le régime à cette époque de voie unique à trafic restreint, avec déjà la portion Landos Langogne inexploitée, un autorail X2202 appartenant au Conseil général de Haute-Loire circule à l’occasion d’un voyage organisé par le COPEF entre Clermont et Landos. Une photo d’Olivier Curie :
L’ancienne gare de Brives sur la ligne Le Puy – Langogne :
Extrait de fiche horaire de 1915 :
Le « seul ouvrage d’art de la ligne » le viaduc du ruisseau la Gagne :
La gare de Solignac sur Loire :
La gare halte du Brignon :
La gare de « Costaros – Cayres » :
La gare de Landos :
La gare de Pradelles actuellement… :
…dédiée au vélorail. Ici peu avant de franchir le pont sur l’Allier à quelques centaines de mètres de Langogne :
Celle de Langogne actuellement modernisée par la région Occitanie :
Les coups de grâce finaux suite aux choix des élus de la droite « décomplexée »
Suivez notre regard. Elles auront empêché toute velléité – rêve – désir de retour de cette ligne. C’est d’abord en 2010, la destruction du pont-rail de Tireboeuf, sur le territoire de la commune de Brives-Charensac, qui interrompt définitivement sa continuité. De plus le projet du président de région et ancien maire du Puy, le contournement de la ville sur la RN 88, traverse l’ancienne plate-forme de la voie et aucun ouvrage de franchissement n’a été prévu. Jusqu’au boutistes.
Le 24 mars 2023 le journal quotidien bien connu du Puy annonce « Le dernier tronçon aménageable de l’ancienne ligne de chemin de fer Le Puy – Langogne a été officiellement inauguré samedi en présence de nombreux élus. », précisant que le ligne…« déferrée, a progressivement été transformée en voie verte. »
Remerciements :
A Hansruedi Plüss, toujours attentif à l’évolution du ferroviaire par ici, aux Archives de la Haute-Loire, à l’excellent site http://passes-montagnes.fr du cycliste riomois Jacques Mancip qui détaille jusqu’au moindre recoin les traces restantes de la ligne Le Puy – Langogne, entre de trés nombreuses autres en France, en Europe, en Afrique.