Ce jour le quotidien Le Parisien titrait sur les lignes Intercités « dont l’Etat à la charge » en situation critique. Et comme c’est étrange, celles qui fonctionnent le moins bien, avec les pires retards et annulations du pays, sont celles qui entourent le massif central !
D’abord Bordeaux – Marseille avec 26,6 % des trains en retard à l’arrivée,
puis Lyon – Nantes avec 21 % des trains en retard à l’arrivée,
enfin Paris – Clermont-Ferrand avec 15,3 % des trains en retard à l’arrivée.
Et ne parlons pas de la ligne Béziers Neussargues Clermont-Ferrand qui traverse pourtant le massif et qui n’est que l’ombre d’une ligne Intercités avec un train par jour aller et retour, du matériel roulant fourni par les régions, des aléas de circulation à n’en plus finir dus au mauvais état des infrastructures, des horaires discutables, et un fonctionnement un peu aléatoire surtout en ce moment.
Quand on sait que les lignes Intercités utilisent le réseau conventionnel et le partagent avec les autres trains, TER, autres opérateurs et fret, on comprend aisément que, en cascade, tout retard sur ces lignes encadrantes du massif central aura des conséquences désastreuses sur les trajets avec correspondance et les circulations : retards démultipliés voire annulations ou reports des voyages au lendemain, avec des conséquences onéreuses pour la SNCF, l’obligation d’héberger les voyageurs par exemple, règlement des transports européens oblige et l’aggravation de l’image de l’opérateur national « pas foutu de faire circuler les trains correctement » auprès des voyageurs.
Si l’Etat a accordé la priorité au développement des trains à grande vitesse durant les dernières décennies, TGV Méditerranée, TGV Nord, TGV Est, TGV Atlantique… en délaissant les Intercités, le matériel vieillissant, les problèmes techniques apparaissant, les grandes lignes sont moins fiables et moins rapides qu’avant. Exemple sur Paris Limoges : en 2003 il fallait 2h46 et en 2019 le trajet durait 3h15.
Retards, retards et retards
L’exemple de la ligne Paris Clermont est parlant et très mal vécu par les auvergnats qui ont choisi de travailler à Paris ou l’inverse, ceux qui gardent des attaches dans la capitale tout en ayant choisi le massif central pour sa qualité et son coût de la vie disons, avantageux. Quelques extraits vus sur Twitter (désormais X) :
Mais c’est toute la filière des transports publics qui ne fonctionne pas correctement, comme le pointe l’association CLCV (Consommation, logement et cadre de vie) : Les trains Intercités de jour et de nuit mais aussi les TGV, les TER à une moindre échelle, et les avions. A se demander si ces métiers du transport n’ont pas perdu leur savoir-faire.
Les trains de nuit aussi
Et c’est pire : le matériel est dans le même état, les aléas et les retards sont très fréquents pratiquement sur toutes les lignes réouvertes. Voici par exemple le cas de la ligne POLT à Limoges :
Ligne POLT : Manque de trains et dégradation de service… Jean-Noël Boisseleau tire le signal d’alarme.
La réponse du gouvernement
On va renouveler les rames. Si les vieux wagons Corail plus que cinquantenaires ont toujours leurs inconditionnels malgré les toilettes bouchées, les climatisations hors d’état etc. , les machines qui les tractent posent de plus en plus problèmes. Sur la ligne Marseille Bordeaux c’est la vétusté du matériel roulant qui est la cause des aléas mais aussi les caténaires qui ont plus de 80 ans. Et c’est la ligne qui enregistre le plus grand nombre d’incidents avant Paris – Orléans – Limoges – Toulouse (POLT) et Paris – Clermont-Ferrand.
Pour renouveler les rames l’Etat a débloqué plus de 4 milliards d’euros pour commander de nouvelles unités baptisées Oxygène, du constructeur espagnol CAF, qui sont attendues pour 2026. Elles renouvelleront Marseille Bordeaux, Paris Clermont, Paris Limoges notamment. Mais rien de prévu pour la ligne Béziers Neussargues Clermont par exemple.
Le Massif central héberge donc des lignes Intercités laissées à l’abandon, et est entouré d’autres plus prestigieuses elles aussi sous investies voire dont la maintenance laisse à désirer.
Le tout forme un réseau brinquebalant, on n’est jamais sûr d’arriver à destination à l’heure ni de réussir à prendre sa correspondance, les usagers sont obligés quand c’est possible de prendre un train à l’avance, de peur des aléas, et donc les nerfs du voyageur sont mis à rude épreuve, tout le temps, toute l’année. Côté tarifs il arrive qu’il y est des tarifs corrects quand on prend son billet à l’avance, la SNCF essaie de masquer les inconvénients par des prix de billets corrects. Le sous investissement n’est pas trop de sa faute mais de celle de l’Etat qui est l’autorité organisatrice des transports Intercités, anciennement Trains d’Equilibre du Territoire (Là on est autorisé à sourire).