Pendant que les trains de nuit se développent à rythme élevé en Europe et dans le monde, ici on a rouvert quelques misérables lignes pour desservir le sud-ouest, le sud et le sud-est et on l’a fait en rafistolant les anciennes voitures couchettes à la casse, sans s’en donner les moyens, une façon de répondre, tout en n’y croyant pas, à la demande très forte des citoyens conscients qui préfèrent le train à l’avion lorsque la solution existe.
Pendant que les trains de nuit se développent partout ailleurs ici on temporise, on étudie, on rédige de beaux rapports – étude LOM de 2020 notamment – où on détaille les lignes qu’on voudrait ouvrir, où on énumère les moyens nécessaires à mettre en place, 600 voitures couchettes et 60 locomotives, mais on ne passe pas à l’action, on ne décide rien. Les 1,5 Milliards du coût de l’opération train de nuit calculés dans l’étude, c’est sans doute trop élevé pour la mobilité des citoyens. Alors que les délais de fabrication sont de plusieurs années. Notre ex ministre des transports Clément Beaune avait évoqué une possibilité de commande en… 2025. Ajoutons les délais et donc ne rien attendre jusqu’à 2028 au moins.
Toujours est-il que comme on fait avec les « restes » et qu’on n’y a pas mis le financement suffisant, c’est la cata : l’association Destination trains de nuit relève au quotidien les incidents qui affectent les circulations nocturnes. Ces derniers mois, pas un jour sans annulations, retards, incidents. Edifiant. Voici son relevé pour janvier 2024 :
Le tableau parle de lui-même. Nous vous communiquerons ce relevé tous les mois.
Et ça commence à faire la une de la presse. Finis les beaux titres autour du « Retour du train de nuit » c’est plutôt : « L’État a fait les choses a minima » : le cauchemar des usagers du train de nuit Paris – Aurillac, comme le soulignait début janvier France 3.
Une vision apocalyptique de voyageurs abandonnés par leur train de nuit… illustrée par une IA
Accuser SNCF Intercités est la facilité, vous l’aurez compris. D’ailleurs personne ne s’y aventure, même s’ils font eux aussi des erreurs : cette entité SNCF qui s’occupe des Intercités de jour et de nuit fait avec les moyens que l’Etat lui donne, soit presque rien. Il faut dire que le retour du train de nuit en France s’est fait « forcé », après l’engouement des autres pays pour ce mode et après de multiples rassemblements militants citoyens. Et ça en principe, qu’on lui force la main, le gouvernement central parisien tout puissant déteste.