Et nous ne nous en réjouissons pas loin de là, nous y avons cru nous aussi, contrairement aux oiseaux de mauvais augure croisés ici et là sur les réseaux, essentiellement issus de l’opérateur ferroviaire national d’ailleurs. Ils auront tout fait dès le début pour faire capoter l’initiative, eux, leurs positions archaïques qui amènent trop souvent leur entreprise dans le mur, ainsi que les règles impossibles auto-édictées, avec le chapelet de tarifs prohibitifs, pour les sillons et services de la SNCF, conséquences aussi il est vrai d’un sous-investissement de l’Etat.
Les erreurs de la coopérative.
Mais que ne soit pas exemptée non plus l’équipe dirigeante de Railcoop ! Une personne qui s’est investie fortement dans la coopérative nous souffle : » Le premier dirigeant, haut fonctionnaire dans l’administration et diplômé des Mines, mais dont on peut douter de la compétence ferroviaire ainsi que pour la gestion d’une SCOOP, a eu beaucoup de mal à accepter la critique. Il aura fait par ses choix pas mal d’erreurs stratégiques. L’embauche de 35 personnes par exemple alors qu’il n’y avait pas assez de rentrées financières issues de l’activité fret, la liquidation du capital social pour des dépenses de fonctionnement, le choix d’offres maximales, sans compter ses relations trop étroites avec le bureau d’études Systra, coentreprise de la SNCF et de la RATP. »
Tentative de redressement tardive
Il y a eu tentative du deuxième président Philippe Bourguignon d’essayer de recoller à un fonctionnement coopératif. Mais il déclarait dans les Echos en mars 2023 : « On cherchait beaucoup d’argent et le modèle coopératif n’a pas inspiré confiance. ».
De quoi s’interroger en effet sur l’adéquation de la première direction.
Les projets de la coopérative :
La gare de Lyon Pardieu
La gare de Limoges
Le hall de Bordeaux Saint-Jean
Mais Railcoop a-t-elle été suffisamment accompagnée ? L’union régionale des sociétés coopératives qui doit surveiller les projets de cette catégorie a-t-elle bien joué son rôle ? Les banques coopératives comme la NEF ou le Crédit coopératif ont-elles, elles aussi, suffisamment accompagné ? Et sur la rénovation des rames, la société ACC-M (Clermont-Ferrand) a-t-elle pris des risques suffisants avec leurs exigences d’un maximum de garanties ?
D’autres questions se posent encore : sait-on faire vraiment fonctionner des coopératives de cette importance en France ? Railcoop essuie-t-elle les plâtres ?
Quoiqu’il en soit si leur dernier communiqué émis après l’AG de ce samedi 7 octobre se félicite de la participation à 42% des sociétaires pour le vote de la poursuite de l’activité (88,5 %) ainsi que la poursuite des discussions avec le fonds d’investissement Serena Partners approuvée à 85,5 % , il faut noter que les votes en distanciel ont débuté il y a un mois environ alors que les sociétaires ne disposaient pas des mauvaises infos parvenues récemment.
Toujours est-il que, mis à part les craintes d’un fonctionnement de moins en moins coopératif, le nouvel investisseur privé devra prendre les risques qui n’ont pas été pris, tout seul.
Laissons leur le dernier mot :
Comme nous vous l’avons indiqué cette semaine, il va désormais être nécessaire, pour envisager une poursuite de l’activité, de nous placer sous la protection du Tribunal de Commerce.Si nous arrivons à définir des solutions crédibles, nous proposerons au Tribunal un « plan de continuation », pour ouvrir une procédure de redressement judiciaire. Si le Tribunal l’accepte, nous disposerons d’un délai pour redresser la coopérative. En vue de ce plan, nous étudions depuis plusieurs jours toutes les options possibles. Nous avons également demandé à l’Etat d’entrer au capital de Railcoop.Si nous estimons que les chances de succès sont trop faibles, nous ne solliciterons pas davantage l’argent des sociétaires ni du public, et nous proposerons alors une procédure de liquidation.